Le jardin de Marguerite. Au fond, un mur percé d'une petite porte. A gauche, un bosquet. A droite, un pavillon dont la fenêtre fait face au public. Arbres et massifs.
SIEBEL Faites-lui mes aveux, Portez mes vux, Fleurs écloses près d'elle, Dites-lui qu'elle est belle, Que mon cur nuit et jour Languit d'amour! Révélez à son âme Le secret de ma flamme! Qu'il s'exhale avec vous Parfums plus doux! ... Il cueille une fleur. Fanée! Il jette la fleur avec dépit Ce sorcier que Dieu condamne M'a porté malheur! Il cueille une autre fleur qui s'effeuille encore. Je ne puis sans qu'elle se fane Toucher une fleur! Si je trempais mes doigts dans l'eau bénite! C'est là que chaque soir vient prier Marguerite! Il trempe ses doigts dans le bénitier accroché au mur. Voyons maintenant! voyons vite! Elles se fanent! ... Non! Satan, je ris de toi! C'est en vous que j'ai foi; Parlez pour moi! Qu'elle puisse connaître L'émoi qu'elle a fait naître, Et dont mon cur troublé N'a point parlé! Si l'amour l'effarouche, Que la fleur sur sa bouche Sache au moins déposer Un doux baiser!